Il est des lieux où il est difficile pour les artistes de lutter à armes égales
avec l’environnement. L’art contemporain s’est souvent complu à se confronter
aux friches industrielles et autres non-lieux, beaucoup moins à ces endroits que
l’art du passé nous désigne par avance comme chefs-d’œuvre de la nature. Saas-Fee,
petite station dominée par des masses glaciaires et des sommets enneigés, est
sans conteste de ceux-ci et plus encore la grotte de glace située à plus de 3000
m que les deux curatrices de Eispavillon – Eveline Notter et Rachel Ward - avaient
décidé d’investir pour l’été. Certains de leurs invités jouaient en amont de la
confrontation. Ainsi Tobias Wong proposait-il un baume anti-gerçures griffé Prada
mais encapsulé et Ken Courtney des affiches au contenu soi-disant politique, comme
si le paysage sublime n’était qu’un produit touristique à rapprocher de ceux plus
communs de la mode et de la publicité. Ainsi le collectif allemand saasfee* exposait-il
des tee-shirts et des caissons lumineux à son sigle au milieu des objets de la
boutique de souvenirs qui précède l’entrée de la grotte. Avec plus de subtilité,
sur un CD à écouter dans le téléphérique menant au sommet, Adam Schary, résident
d’une Los Angeles moins pittoresque, livrait ses réflexions désabusées sur l’impossibilité
de rivaliser avec la beauté de la nature. Quant à Olivier Mosset, en exposant
au cœur même de la grotte une version taillée dans la glace de ses « toblerones
», il faisait la démonstration de l’extraordinaire plasticité de cette forme (on
pouvait en voir en même temps deux présentations déjà fort différentes dans le
cadre de sa double exposition personnelle dans les musées de Lausanne et de Saint-Gall).
Au dérisoire d’une défense impossible (la forme est reprise de celle des barrages
antichars semés en Suisse pendant la guerre, qui n’eurent à affronter aucun envahisseur
et seraient bien en peine de devoir le faire au fin fond du Valais) s’ajoutait
ici l’ironie d’une possible monumentalité (la forme est une œuvre sculpturale
singulière, quoique au même titre que les mannequins costumés et autres objets
kitsch qui peuplent la grotte), sans oublier l’aspect étonnamment tendre que la
glace lui donnait en laissant voir des irisations délicates, incitant bien des
visiteurs à la caresser, à y laisser l’empreinte de leurs mains – la rendant ainsi
peu à peu à son origine liquide. _______________________________________________________________________ «
Kunst in der Eisgrotte, Sommeraustellung in Saas-Fee », Im Eispavillon zu Saas Fee ist am Freitag eine internationale
Kunstaustellung eröffnet worden: Kunstschaffende aus den USA, der Schweiz und
Deutschland zeigen hier bis Ende August ihre Werke. So schmückt der Schweizer
Künstler Olivier Mosset die Eisgrotte mit einer « Toblerone aus Eis », während
das « Kollektiv Saas Fee » mit einer Installation aufwartet. Adam Schary aus Los
Angeles zeigt ein « Projekt für Luftseilbahnen während die New Yorker Tobias Wong
und Ken Courtney ebenfalls mit anregender Kunst vertreten sind. Die Werkschau
in kühler Umgebung dauert bis zum 30. August und ist Interessierten täglich zwischen
8.30 und 16.00 Uhr zugänglich. _______________________________________________________________________
« L'art prend le frais entre Saas Fee et Môtiers » Un
pull chaud, une lampe à acétylène et de quoi bivouaquer. Gasp! Irions-nous au
Sptizberg ce week-end ? Presque. Cette semaine, on vous ballade pas loin du Cervin.
Plus précisément à dix mètres sous le glacier de Saas Fee. C'est là, dans "la
plus grande grotte artificielle du monde ", qu'Eveline Notter et Rachel Ward organisent
leur exposition Eispavillon (www.eispavillon.com). Et à part les stalactites gelées,
qu'y montre-ton ? Des travaux signés Adam Schary, Tobias Wong, Ken Courtney et
du collectif Saas Fee qui, contrairement à son nom, vient d'Allemagne. Sans oublier
le Toblerone en glace d'Olivier Mosset. Ce dernier profite en ce moment d'une
actualité chargée. L'artiste présente une formidable double rétrospective à Lausanne
et Saint-Gall. Il compte également parmi les plasticiens invités à Môtiers 2003
(www.motiers2003.ch) dont le vernissage se déroule à l'heure où vous lirez ces
lignes. Cet accrochage en plein air organisé lorsque les finances le permettent,
prend pour cadre un morceau bucolique de la vallée du Jura. Dès aujourd'hui et
jusqu'au 21 septembre, ils sont donc une soixantaine à exposer entre forêt et
cascade leurs travaux d'été. Citons la famille des sculpteurs bernois Luginb¸hl
quasi au grand complet, John Armleder, Iganizio Bettua, Günther Förg, Vincent
Kohler, Fabrice Gygi et on en passe. Quittons les verts pâturages pour les bords
du Léman. Vendredi prochain, L'Hermitage met en effet Frantisek Kupka à son affiche.
Une rareté à ne pas manquer. _______________________________________________________________________
« Kunst im Eispavillon », Noch bis zum 30. August 2003 präsentieren Künstler in der weltgrössten
Eisgrotte ihre innovativen Werke. Zu sehen sind u. a. eine « Toblerone in Eis
» des Schweizers Olivier Mosset oder eine Installation des Teams saas-fee collective.
Witziges Werbematerial schufen Tobias Wong und Ken Courtney, das im Eispavillon
sowie an der Art Basel verteilt wird. Die Austellung ist täglich von 8.30 bis
16.00 Uhr geöffnet. www.eispavillon.com _______________________________________________________________________
« Editorial » Venise sera, bien sûr, de toute manière, un moment
de plaisir estival. Mais pourquoi ne pas faire, aussi, quelques détours. Certains
promettent, outre la ballade, de jolies découvertes. Dans le Val-de-Travers, Môtiers
‹art en plein air› (du 21 juin au 21 septembre) annonce une longue liste de noms
qui incite à enfiler ses baskets pour suivre le parcours forestier (www.motiers2003.ch).
Un saut de puce peut nous conduire à Porrentruy où l’Espace d’art contemporain
accueille Luciano Fabro et la ‹Casa degli artisti›, un lieu où, à Milan, Luciano
Fabro favorise les expériences artistiques des jeunes artistes et les débats au
sujet de l’art. À Porrentruy, l’exposition débordera les Halles pour s’installer
dans les jardins et les vitrines des magasins (du 12 juillet au 31 août, tél.
+41 32 433 46 79). Changeons d’horizon, une grimpette à Saas-Fee, pour prendre
le frais dans le ‹ Eispavillon › de la plus célèbre montagne helvétique: tourisme
et art seraient-ils partenaires? (du 22 juillet au 30 août). Inventez-vous
un autre détour: l’île de Vassivière en Limousin (à 60 km à l’est de Limoges,
sur l’axe Clermont-Ferrand/Limoges) où le Centre national d’art et du paysage
ne nous invite pas seulement à une très jolie promenade mais à réfléchir à notre
idée du paysage ‹campagnard› qui ne correspond plus à la réalité d’une nature
qui s’est transformée. ‹Regarde, il neige (schizographie de la vie quotidienne)›,
du 5 juillet au 5 octobre, tél. +33 5 55 69 27 27. _______________________________________________________________________
« La plus grande grotte de glace du monde » D'une exposition
d'art contemporain à un Mickey de glace en train de fondre, on trouve de tout
à l'« Eispavillon » de Saas Fee. La station haut-valaisanne de Saas Fee est
lovée dans un grandiose cirque de montagnes. Des langues de glace pendent le long
des sommets, si chargées des poussières, pollens et autres pollutions digérées
pendant des siècles, voire des millénaires, qu'elles se confondent avec la grisaille
des rochers. Sur les flancs d'un de ces sommets, l'Allalin, un glaciologue, Benedikt
Schnyder, a eu l'idée de creuser «la plus grande grotte de glace au monde», avec
ses 71 mètres de labyrinthes. |